Rendez le fun.
Sponsorisé par les laboratoires Boiron.
FUN ! Regardez moi ! FUN ! FUN ! OHoh ! ahAH ! FUUUUUN !!!
Nous sommes à l’époque de la surréaction. Il faut adorer ou détester…
Il nous fait quoi, là, un cours d’histoire-géo ?
Non mais laissez moi finir, ça devient pénible à chaqu…
Ferme la, Maestro !!
Les manières de s’exprimer sont de plus en plus concises. Les tweet, les stories, toutes les plateformes et leurs algorithmes vous “invitent” à la faire courte avec leurs nouveaux formats. Des vidéos sans temps morts, un montage à rendre épileptique n’importe quel néon de pharmacie, ça laisse peu de place à l[Limite de caractère atteinte]
Bref, la réaction prime sur l’information.
Alors que se passe-t-il quand l’information est terriblement chiante ? Que faire quand l’interdit de temps mort se confronte à l’absence d’intérêt ? Et pourquoi je reprendrais pas des frites ?
Il faut faire *NIBARDS !* diversion.
Le Faux Fun
On meuble ! On remplit le vide ! Et surtout, on fait semblant !
Alors tout ça pause évidemment problème concernant l’information “sérieuse” mais on se fait aussi sérieusement niquer pour le pur divertissement !
Une musique punchy, des bruitages rigolos et une bonne dose de rires forcés, voilà, vous avez envie d’acheter ce jeu !
Ne mentez pas, je vous vois ! Ce gros plan sur votre YouTubeur préféré qui se roule par terre en se faisant pipi dessus de rire face à un bug, qui fait des blagues aux PNJ, c’est très drôle quand c’est pas votre console qui freeze, ça l'est beaucoup moins quand, après avoir claqué 30 balles, vous vous rendez compte que dans la vraie vie les Jump Cut n’existent pas. Et que de surcroit, vous avez l’air sacrément con à parler à votre télé.
D’ailleurs, certains développeurs peu scrupuleux ont bien compris que le “fun” représentait un marché important. Et qu’ils n’avaient même besoin d’en mettre dans leur jeu !
Même si le phénomène n’est pas nouveau, c’est dans les 2010’s qu’une simple blague devenue réalité va changer la donne.
“Incarner une chèvre, c’est n’importe quoi LOL” pourrait vanter la jaquette de Goat Simulator. Vous incarnez l’animal dans un monde bac à sable où le but est d’accomplir des missions farfelues en vous gaufrant de rire devant les bugs du jeu. Oui, les bugs font parties de l’humour du titre. Enfin pas tous. Mais certains sont sensés vous faire rire.
Quel rabat joie…
Goat Simulator connaitra un succès certains, au point d’être doté de nombreux DLC ainsi que d’une suite en Novembre 2022.
Ouvrant la brèche à tout un tas de “jeux blagues” : “I Am Bread”, “Surgeon Simulator”, “Bum Simulator”, “Rock Simulator”… Certains sont réussis ! Mais dans l’ensemble, on nous promet plus souvent un concept qu’un contenu.
Tel notre gouvernement, une fois acheté, les promesses ne tiennent jamais longtemps : Gameplay inexistant, bugs à foison, agression sexuelle ou tout au mieux intérêt très limités.
Ces jeux ne sont finalement que des supports pour les vidéastes comme l’est une scène pour un comédien.
Nanar 2.0
Effectivement, ça doit être ça qu’on appelle l’humour des Internets.
Personne dis ça.
Mais si !
J’avoue, je suis pas trop sensible à toute cette mise en abyme d’humour sans aucun doute très drôle pour les initiés.
Moi, je viens d’une époque où l’on se moquait pour de vrai de pauvres jeux qui n’avaient rien demandés. Dédicace à la fine équipe des Navets Jouables (https://www.youtube.com/@LesNavetsJouables), encore en activité contrairement au studio Davilex dont l’exploit aura été de marquer l’histoire du Jeu Vidéo uniquement pour de mauvaises raisons.
(Bien sûr, il est important de préciser que la mauvaise qualité d’un jeu résulte parfois de la pression exercée sur les développeurs par de gros cons de “créatifs” et d’éditeurs).
Rire nerveusement tellement rien ne va à l’écran. Une animation douteuse, une difficulté inhumaine, une maniabilité aux fraises, de vrais nanars vidéoludiques !
Etre dépité devant X-Men 3 Le Jeu Officiel, ça, c’est une expérience, ça, c’est drôle !
Bon, on rigole, on rigole mais avec tout ça, c’est très compliqué de trouver des avis construit et sérieux sur un jeu !
Heureusement, il reste la presse jeux vidéo qui n’appartient à aucun grand groupe et dont la source de revenus principale n’est pas les chèques d’éditeurs !
Parce que tout le monde a bien compris que ces petits “jeux blagues” à 10 balles n’avaient pas de réelles ambitions. Le vrai problème c’est quand un titre à 80 boules met des lunettes de soleil et s’allume une clope pour te faire croire qu’il est terriblement cool.
You Used To Be Cool.
Tout cela est évidemment très subjectif…
Oh bah ça alors ! Toi qui est connu pour ton impartialité et ton objectivité à tout épreuve qui…
Ça va, pas la peine d’en rajouter.
A mon sens, ce qui fait le fun, c’est l’intention.
Si Jackass est aussi déjanté, c’est parce que ces individus dont il ne faut pas reproduire les cascades à la maison sont simplement des oufs. Mythbusters est un concept très fun mais sans la satisfaction enfantine de ses 2 animateurs devant une explosion, il n’en serait rien. Si Frédéric Mitterrand était second degrés quand il se cosplay en Brad Pitt, ça serait (un peu) moins pitoyable.
Vous avez saisi ? Si quelqu’un fait exprès de tomber, c’est moins drôle qu’une vraie chute.
Créer du fun, c’est pareil.
Il y a pas si longtemps, je vous parlais du retour de ce qu’on appelle désormais les Boomers Shooters :
Je les aimes plus âgés...
Ma fin s’approche inexorablement. Je suis pas si vieux que ça, mais assez pour constater que ma boomerisation est en cours. Si vous n’avez pas compris la dernière phrase, je crains qu’il soit déjà trop tard pour vous. Trop vieux pour ces doomeries. Doom
Des jeux faits par des gens très fun. Mais maintenant que le style redécolle, quelques cupides malandrins sortent des FPS en gros polygones pensant que ça suffit. Spoiler : Non. Il manque un truc : Une âme.
Attention, l’Enfer est pavé de bonnes intentions (Comme dans Doom). Ce n’est pas parce qu’un développeur aura mis tout son cœur dans un jeu qu’il sera bon ou vous plaira forcément mais j’aime à croire que cela se ressent.
Méfiez vous des gens qui ont l’air trop cool. En s’approchant de plus près, on se rend compte qu’ils ont coloriés leur lunettes de vue au marqueur et que leurs cigarettes en chocolat ne donnent même pas le cancer. (Attention au diabète quand même).
Quand un produit est analysé, calibré, ciblé par un service marketing plutôt que par des dev’ talentueux, on obtient une espèce de Fun Homéopathique : C’est bien marqué sur la boite mais ça existe que dans la tête.