Ma fin s’approche inexorablement.
Je suis pas si vieux que ça, mais assez pour constater que ma boomerisation est en cours.
Si vous n’avez pas compris la dernière phrase, je crains qu’il soit déjà trop tard pour vous.
Trop vieux pour ces doomeries.
Doom, c’est un peu le Sugar Daddy du game, il a nourri tout un genre, au point de lui donner son nom pour un temps.
Duke Nukem 3D, Goldeneye 64, Half-Life, Medal Of Honor, Call Of Duty…
C’est bien, le gars a tapé “FPS” sur Google… Mais à une époque, la presse spécialisée vous aurait répondu “Doom-like” !
Et comme tout bon Sugar Daddy, il me donne encore régulièrement ce dont j’ai besoin. Bien sûr, graphiquement, il n’y a plus rien à attendre, c’est rare que je passe plus d’une heure avec lui et je le connais par cœur, j’appuie sur les deux mêmes boutons, ça marche : pas de surprises. Parfois, je découvre un de ses rares secrets restants mais globalement, quand mes amis me voit avec, ils le trouvent dépassé et lui, n’arrive pas à s’intégrer.
Alors, pourquoi les Sugar Daddies fleurissent-ils sur nos consoles ?
Tu as le touché ! Tu as le pouvoir !
En 2013, alors que sort comme chaque année depuis 10 ans le nouvel opus de la saga Call Of Duty, arrive un peu sorti de nulle part le studio Flying Wild Hog avec Shadow Warrior : reboot du titre de 3D Realms, suite spirituel (et un peu plus oubliable) de Duke Nukem 3D.
Qui sont ces abrutis qui débarquent en pleine guerre vidéoludique des soldats du futur avec un jeu de combat mêlant nanar des 80’s, combat au sabre, mythologie asiatique, clés pour ouvrir des portes et surtout grand défouraillage de monstre à tout va ?
Au même moment, Apogee Software balance le remake de son Rise of the Triads, shooter oldschool et bourrin au possible !
Mais que se passe-t-il ?! Est-ce le retour d’un genre disparu ? Des FPS labyrinthiques au level design de folie avec des arsenaux farfelues, aux ennemies bariolés, bourrés de passages secrets atteignables uniquement en rocket jump ? Des Doom-like ?
Bof.
Pas trop.
En fait, même le très culte Serious Sam a raté son comeback 2 ans plus tôt, avec un 3e opus jugé “pas ouf” et “dépassé” par beaucoup…
Bon. Bah tant pis.
À cours de chewing-gum…
Par contre, à la fin des 2010’s, les FPS modernes à grand spectacle se casse la binette, Call of Duty et Battlefield, les 2 machines de guerres sont clairement rouillées, et cette fois, rien n’y fait : le futur, le passé, l’espace, chez les thaïlandaises, le problème n’est pas “là où se passe la guerre” mais “comment”.
D’abord perçu comme une révolution, ces expériences scriptées dignes des plus grands blockbusters de l’été ont rapidement perdus la notion de “jeu” pour conserver uniquement celle de “vidéo”, laissant régulièrement le joueur simple spectateur. Hé oui, à force de tout faire péter à coup de grandes explosions, il ne faut pas s’étonner qu’il ne reste plus rien.
Si les joueurs se sont lassés de la formule, il y a fort à parier qu’il en est de même pour les développeurs ! Rajoutez à cela une hype pour le retro et hop, tout un tas d’indé s’engouffrent dans la brèche du shooter à l’ancienne, il ne manque plus qu’un porte étendard pour faire vitrine…
Aussi étonnamment que logiquement, c’est à ce moment propice que le daron surgit des enfers pour remettre une pièce dans la machine, nous sommes en 2016, Doom revient se venger ! Level Design fouillé, gameplay bourrin et rapide, ambiance de foldinguo, le berger rebooté vient montrer la voie à ses brebis égarées depuis trop longtemps.
J’ai pas aimé.
Pardon ?
J’ai pas trouvé ça ouf.
Quoi ?! Il nous emmerde avec ses “Doom-like” depuis tout à l’heure, on lui sert exactement ce qu’il veut et ça lui plait pas ?
Bah oui… Enfin : J’aime beaucoup Doom 2016 et sa suite, la direction artistique est géniale, ça fait pan-pan BOUM, y’a plein d’ajouts de gameplay, ça claque ! MAIS à mon sens, c’est pas vraiment Doom… Cependant, c’est pas le propos ici, je disais donc :
Le retour du Padre à la maison met un bon coup de projecteur sur le genre, c’est alors que la brèche s’agrandit, notamment sur Steam :
Des graphismes aux allures dépassés pourtant techniquement irréalisables à l’époque, des niveaux travaillés, de la mise en scène, des dialogues, des scripts, il semble bien que le meilleurs des deux mondes soit désormais réunis. De Dusk, hommage à Quake très réussi, en passant par Maximum Action digne d’un John Woo à Postal : Brain Damaged tout droit sorti d’un cartoon trash de Cartoon Network, le retour des guns polygonés est exponentiel ! Il y en à toutes les sauces ! Ion Fury utilisant à merveille le moteur (modifié) de Duke 3D, Forgive Me Father et Cultic avec leur ambiance Lovecraftienne, Selaco où particule et destruction font excellent ménage, Agent 64 que ne renierait pas 007 et Joanna Dark, Fallen Aces à la pate graphique de Van Hamme, autant de jeux à l’univers et au gameplay différents qui ont su faire évoluer un genre pour lequel les appellations “Doom-like” et “FPS” semblent aussi désuètes l’une que l’autre.
Boomer ou Doomer ?
Mon Sugar Daddy, il est cool, je l’aime beaucoup, j’y reviens toujours, il n’a pas les défauts des petits jeunes. Mais il n’a pas non plus leurs qualités.
Finalement, je crois que ce que je préfère, c’est les jeux de mon âge qui savent prendre intelligemment aux plus anciens comme aux plus jeunes afin d’en tirer une meilleure version.
Ne devenez pas un vieux con, devenez un DOOMER !
Ps : Les campagnes de Doom 1 & 2 sont jouables en coop splitté sur Switch.
Et celle Duke Nukem 3D World Tour en coop (en ligne uniquement).
C’est trop cool, voilà.