Tutu tu tutu tu TU ! Cette mélodie vous la connaissez.
Si si, je vous assure. Vous êtes juste mauvais en lecture de partition, désolé vous n’avez pas l’oreille absolue.
On va pas se refaire tout l’historique, tout le monde y va de sa galéjade sur les Internets, Mario, jeux vidéo célèbre, adaptation en film nul, gros nanar, blabla.
D’ailleurs, ce film Super Mario Bros. sorti en 1993, toi aussi tu as du t’en moquer. Ou au moins pouffer devant des images dans une chronique ciné !
Mais en vrai, t’es con, parce que tu l’as pas vu le film. Après sa distribution en salle, le film aura droit à UNE exploitation en VHS en France, suivi de RIEN pendant 30 ans.
Et hormis quelques curieux, on peut pas dire que beaucoup soit tombés sous le coup d’Hadopi* pour avoir télécharger un film avec un plombier moustachu. Pas celui-là en tout cas.
Pour la première fois depuis 30 ans donc, Pathé, pour surfer sur la sortie très prochaine de la nouvelle adaptation de la mascotte de Nintendo, nous ressort “la pire adaptation au cinéma d’un jeu vidéo !” indique la jaquette du combo DVD+Bluray. Le seul moyen qu’ils trouvent de vendre ce long-métrage de nos jours, c’est sous le prisme du ridicule, de la blague, un peu comme un vieux film de ninja Philippin lui même composé d’extraits de Western Néerlandais, et c’est triste.
Pour connaitre la tumultueuse histoire de cette adaptation, Pathé a le bon gout de proposer le plutôt intéressant documentaire “This ain’t no video game” en bonus du coffret ! Je vous encourage fortement à le visionner pour comprendre tout le dawa qui entoure la production (Scénario remplacé 10 jours avant le tournage, explosion de budget…).
Mais ce qui m’embête dans toute cette histoire…
Ah ! Sayé ! Il commence son article !
Mais ce qui m’embête dans toute cette histoire, c’est qu’on ne parle jamais des qualités du film. Forcément, personne ne l’a vraiment regardé, et quand on en parle, c’est pour faire des blagues. Pourtant, force est d’admettre qu’un travail phénoménal a été déployé pour donner vie à ce projet : Décors gigantesques, animatroniques très réussis, effets numériques (je rappelle, on est en 1993, quelques mois avant JC ((JurassiC park)), gros casting…
En parlant casting, c’est l’occasion de souligner la ténacité du duo de réalisateur.trice qui réussi, malgré le bordel général et les coups dans le dos des producteurs, à imposer John Leguizamo en tête d’affiche dans son premier rôle important au ciné. Et comme il le rappelle lui même, si aujourd’hui ce n’est pas encore ça, dans les 90’s, obtenir un rôle principal pour un Latino, c’était inimaginable ! (Qui est plus est dans un blockbuster familial)
D’ailleurs, l’une des qualités de ce film, c’est qu’il ose !
Déjà, il propose un scénario à Super Mario qui, à ce moment, n’a même pas encore connu sa première aventure en trois dimensions. Au mieux, il existe les deux séries animés à la qualité variable et dont les univers ne proposent pas de réelle cohérence entre elles (ni les jeux d’ailleurs). Pour l’instant, Mario court vers la droite en sautant sur tout ce qui bouge. Comme un CRS.
Le métrage développe son propre univers, en optant pour un ton mature, dans une interprétation (adaptation avez-vous dit ?) des éléments des jeux vidéos.
Et surtout, le film est noyé dans une espèce de générosité, ça déborde de tous les côtés, une espèce de gloubi-boulga franchement fun différent de ce que les “fans” de Super Mario peuvent attendre aujourd’hui, certes, mais aussi beaucoup moins calibré.
Denis Hopper, qui a, comme tout le reste de l’équipe, subi un tournage catastrophique, s’investi à fond dans son personnage de Roi Koopa en l’affublant de détails subtiles mais très amusants une fois remarqués, notamment une démarche “T-rexienne" qui me fait beaucoup rire ! Même Bob Hoskins qui regrette son rôle se donne à l’écran !
Aujourd'hui, le film a sa communauté de fans, le temps lui a permis de se construire un nouvel avis, autre que par des critiques de cinéma qui trouvaient que les jeux vidéos et les jeux de rôle lobotomisaient leurs chères têtes blondes.
Comment un enfant a pu apprécier ce film connaissant les jeux ? Et puis, t’aurais pas un peu l’effet de madeleine de Proust ? C’est la question qui revient souvent…
Je n’ai pas la réponse absolue, mais le très jeune bambin qui a autant saigné Super Mario All Stars que la VHS des frères plombiers va tenter de vous apporter un semblant de réponse : Même très jeune, je pense avoir eu conscience que Super Mario, c’était ridicule. Comme aimaient le crier les fans du hérisson qui va vite : ce petit gros en salopette qui mange des fleurs, c’est pour les gosses. Et du haut de mes 3-4 ans, j’ai l’impression que j’avais déjà compris le principe de l’adaptation, je retrouvais tous les éléments des jeux que j’aimais mais dans cette ville semi-organique contaminée par une mycose géante, rempli de monstres dégoulinants, de dictateurs effrayants, de dinosaures mutants équipés de lance-flammes tout ça dans une de mes premières exposition au cyberpunk… Madeleine de Proust, mon cul ! C’est trop COOL !
Pour ceux qui veulent me voir déblatérer un peu plus sur le film en vidéo, c’est par ici que ça se passe :
-A tout à l’heure, alligator !
-Allez, à plus tard, les lézards !
*Hadopi, mais si ! Souvenez vous, ce truc qui a couté des milliards pour donner une amende à 3 pauvres personnes et leur gouts musicaux douteux !
J'ai beaucoup ri à la blague du CRS.